Kingdom Hearts part6

   Le premier bruit qu’ils entendirent fut le poing de Léon, frappant rageusement le mur. Puis, ce fut le tour de Riku : il saisit une chaise et la jeta à travers l’infirmerie, s’abattant sur d’autres chaises dans un fracas épouvantable. Mickey se laissa tomber rudement sur le sol. Sephyra baissa la tête, et Yuffie avait perdu son air optimiste. Olette regarda doucement Naminé : celle-ci avait le regard  figé. Ses yeux exprimaient à la fois l’incompréhension et la tristesse, ses lèvres tremblaient. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’il s’était passé sous yeux, quelques instants plus tôt, il devait s’agir d’une erreur, son frère n’avait pas pu la laisser seule. Olette la regarda avec inquiétude : son teint devenait de plus en plus pâle. Elle tenta de lui adresser des encouragements et des paroles d’espoir, mais Naminé n’entendait plus rien. Elle avait laissé son frère seul à l’infirmerie… C’était sans doute sa punition pour ne pas l’avoir écouté. Elle ferma les yeux, pensant à tous ces moments passés avec Roxas. La joie et la tristesse passées. Les sorties entre eux, les petites soirées à s’amuser, à parler, à dessiner… Tout était fini, son frère était parti. Elle vit Olette se mettre en face sans la voir. Elle vit ses lèvres bouger sans entendre le son de sa voix. Sa vision devenait trouble, ses sens s’affaiblissaient. Naminé ne ressentait plus rien d’autre que la douleur. Sa gorge devint sèche, ses lèvres tremblèrent de plus en plus. Elle commençait à avoir froid. Elle voulut bouger mais n’y parvint pas. Elle ne vit pas l’air angoissé d’Olette. Elle n’entendit pas la voix de Léon, elle ne sentit pas la main de Sephyra sur son épaule, elle ne sentit plus l’odeur de chloroforme de l’infirmerie, elle ne reconnut pas le goût de la larme passant sur ses lèvres. Puis, lentement mais sûrement, elle se sentit tomber en arrière. Ses yeux se fermèrent pour ne plus se rouvrir.
Roxas était entré de son plein gré dans les ténèbres.
Naminé ne pourrait le suivre que dans son sommeil.
Léon rattrapa la jeune fille qui s’était évanouie. Le choc avait été très rude. Il la porta et la posa sur l’un des lits disponibles. Olette était très perturbée, mais elle ne savait pas quoi faire pour se rendre utile. Elle sentit la main de Mickey sur la sienne : il l’invita à rentrer chez elle, prendre du repos. Il ajouta que Naminé la rejoindrait le lendemain, lorsqu’elle serait enfin éveillée, avec une escorte. Olette acquiesça, salua l’assemblée et quitta le lycée. Léon, Yuffie, Riku et Mickey se regroupèrent près des lits d’Aerith et de Sephyra. Donf avait sans doute du raccompagner Zalosta chez elle, car ni le CPE, ni la secrétaire n’étaient dans l’infirmerie. Hayner avait du en faire de même. Mickey soupira de soulagement : ils pourraient parler sans aucun tabou.
« - Mes amis, c’est une défaite totale que nous avons subi aujourd’hui : l’Organisation a réussi à enrôler Roxas, la maison de Naminé est détruite, Aerith, Yuffie et Sephyra sont blessées et nous n’avons toujours pas réussi à déterminer le lieu de leur QG. Notre seul lot de consolation, c’est que Naminé est avec nous : il nous reste peut être une chance de sauver Roxas.
- Il a rejoint l’Organisation XIII de son plein gré : il était destiné à devenir l’un d’entre eux, objecta Riku. Rien ne pourra le ramener. Ce soir, les événements se sont déroulés exactement comme vous l’aviez prédit, Votre Majesté.
- Pas si sûr, répliqua Yuffie. Naminé ne les a pas rejoint ! »
Riku voulut réagir, mais Léon fut le plus rapide.
« - Ca ne change pas grand-chose Yuffie.
- Si ! s’exclama Mickey. Nous avons encore une chance de le ramener à la raison ! Ce changement, insignifiant pour vous, fait parti d’un tout beaucoup plus vaste, j’en suis convaincu. Protégeons Naminé de notre mieux, rassemblons des troupes et partons à la recherche de l’Organisation !
- Et qui pourra nous aider ? demanda suspicieusement Léon. Vous m’avez dit que vous ne pouviez pas fournir plus d’effectif ! »
Mickey baissa la tête vers le sol, puis la releva, déterminé.
« - Il est temps que je réduise la sécurité du Château Disney. Je vais faire venir mon chef de la garde et le magicien de la cour. Ensuite, lorsque Aerith sera réveillée, nous sélectionnerons les élèves susceptibles de nous apporter de l’aide. Je vais demander à mon Maître de venir nous prêter main forte si il le peut, ainsi qu’au professeur de magie du lycée ! »
Yuffie écarquilla les yeux.
« - Mais… Et la Reine Minnie ? Qui va la défendre si vos gardes ne sont plus là ?
- Ne t’en fais pas Yuffie, le Reine sait se défendre seule, et je fais appel à seulement deux de mes hommes.
- Et pour les lycéens ?
- C’est à Aerith d’éclairer nos lanternes : elle a passé la journée à éplucher les dossiers de chacun des élèves de l’établissement. Elle a du en consulter en le quart. Si nous parvenons à recruter suffisamment de monde, nous pourrons égaler l’Organisation XIII en nombre !
- Mais qu’en est-il de la puissance de frappe ? interrogea Riku. Rien ne sert d’être nombreux si nous ne les égalons pas. Votre petit stratagème peut peut-être fonctionner, mais plus le temps passera, et plus Roxas gagnera en puissance ! Lorsque je l’ai provoqué ce matin, il m’a attaqué avec la haine dans les yeux. Avec des émotions, il ne peut rien faire de dangereux car ses mouvements sont trop prévisibles, mais sa technique de combat reste très bonne ! Si l’Organisation parvient à lui faire contrôler ses sentiments, rien ne pourra l’arrêter ! N’oubliez pas Votre Majesté, Roxas est un Maître de la Keyblade ! Avec un peu d’entraînement, il pourra tous nous détruire ! »
Yuffie baissa son regard vers le sol. Léon approuva Riku, bien que cela lui coûtait d’admettre leurs faiblesses. Leurs chances de victoire s’amenuisaient au fur et à mesure. Mickey leur tourna le dos, saisit la sphère et la visionna de nouveau.
« - Non, tout n’est pas fini. »
Riku, Yuffie et Léon regardèrent le Roi. Il se tourna vers ses amis, l’air déterminé.
« - Ecoutez, nous avons subi une rude défaite, c’est vrai, mais la guerre n’est pas finie, elle a à peine commencée ! Roxas les a rejoint ? Et bien libre à nous de trouver des recrues encore plus puissantes que lui ! Les mondes regorgent de talents. Je prendrai le vaisseau Gummi, et je chercherai autant qu’il le faudra !
- Sauf votre respect, Votre Majesté, je crois que ça va pas être possible, répliqua Yuffie. Vous avez trop de choses à faire ici, trop de chose à organiser. »
Mickey fronça les sourcils, et fut surpris lorsqu’il vit Yuffie sourire.
« - Par contre moi, je veux bien vous remplacer. »
Mickey sourit à son tour. Léon soupira.
« - Eh bien, si nous laissons Yuffie seule, elle serait capable de ramener toutes les personnes ayant l’air plus forts que les autres, alors qu’il s’agit en fait de poltrons. »
Il eut un sourire en coin.
« - Je l’accompagnerai. »
Yuffie sauta de sa chaise, puis elle se rappela qu’elle avait mal partout. Par mesure de sécurité, elle préféra se rasseoir et exprimer sa joie lorsqu’elle serait en pleine forme.
« - Riku ? demanda Mickey avec espoir. »
L’adolescent regarda ses interlocuteurs, puis Aerith, Sephyra, et enfin Naminé.
« - Vous m’avez demandé de la protéger Votre Majesté, alors je le ferai. »
Mickey hocha la tête avec un sourire.
« - Mais ne me faites pas regretter de vous avoir suivi jusqu’au bout ! ajouta Riku avec un sourire. »
Mickey sentit une bouffée de joie monter en lui. Puis, Aerith commença à s’éveiller. Le Roi se rapprocha et s’assit sur une chaise, à côté de Yuffie.
« - Yu… ffie ? »
La ninja acquiesça avec un grand sourire. Puis, elle prit la main d’Aerith.
« - Je suis désolée, je n’ai pas… rempli ma mission, dit l’infirmière dans un souffle.
- C’est de ma faute, s’excusa Léon, j’aurais du comprendre qu’il attendrait mon départ pour t’attaquer.
- Comment va Zalosta ? s’inquiéta Aerith.
- Elle est rentrée chez elle, répondit Riku.
- Et Naminé ?
- Tout va bien pour elle : Yuffie et Sephyra ont réussi à la protéger, seulement… »
Mickey regarda en direction de la jeune fille.
« -… Elle a visionné la sphère avec nous et elle n’a pas supportée le choc. Merci beaucoup : même si on n’a pas pu l’empêcher de partir, nous savons au moins ce qu’il en est. Je sais que ça te coûte beaucoup d’énergie de créer ces sphères : je t’en suis très reconnaissant. »
Aerith tenta de s’asseoir. Léon l’aida, puis prit place sur une chaise.
« - Alors tout n’est pas perdu, nous avons encore une chance d’éviter la catastrophe.
- Si on veut, répondit Riku. Nous n’avons pas les ressources nécessaires pour affronter Xemnas et ses troupes : une seule attaque groupée, et c’est fini. Notre seul espoir, c’est de recruter des personnes compétentes, qui savent se battre.
- Je crois que tu as lu la plupart des dossiers de nos étudiants, dit doucement Mickey.
- Tous, répondit faiblement Aerith. Et je n’ai retenue que quatre personnes ayant les compétences minima pour notre combat. »
Elle pointa son bureau du doigt.
« - Leur dossier sont dans le premier tiroir. »

   Riku se dirigea sans plus attendre vers le bureau, et en sortit cinq dossiers. Le premier fut celui de Roxas, qu’il rejeta dédaigneusement. Le deuxième était celui de Seifer, celui qu’il avait affronté le matin même. Il leva les yeux au ciel –pensif- et réfléchit. Puis il lut les commentaires de ses professeurs et approuva le choix d’Aerith. Bien que le combat mené le matin même ne l’avait pas convaincu, il devrait faire avec. Le troisième dossier était celui de Rai, l’acolyte de Seifer. Même si il n’était pas brillant en classe, ses notes élevées en sport et en combat rapproché faisaient de lui un élément intéressant à conserver, peut être même plus que Seifer. Le quatrième dossier était celui d’une fille que Riku avait aperçu le matin même. Son nom était Fuujin, surnommée Fuu, et était membre du comité de Seifer. A la différence de ses camarades, elle avait une prédisposition pour la magie. Son élément de prédilection était la glace. Riku jugea ses capacités d’analyses et le sang-froid décrit par ses professeurs comme étant une opportunité pour leur groupe. Il regarda Aerith avec un sourire et approuva ses choix d’un signe de tête.
« - Riku, dit soudainement Mickey, j’aimerai que tu partes en salle d’art, et que tu me ramènes le carnet de croquis de Naminé. »
Riku écarquilla les yeux de surprise, puis quitta l’infirmerie sans poser de question.
« - Aerith, reprit le Roi, je pense que tu n’aurais pas du te présenter devant Axel.
- Je cherchais à gagner du temps, tous les prétextes étaient bons pour ça, répliqua Aerith. Mes pouvoirs sont actuellement trop limités pour que je puisse affronter seule un membre de l’Organisation.
- Je comprends, dit Mickey. Mais nous allons devoir redoubler de prudence : tu es passée du stade de simple infirmière remplaçante au grade de proie potentielle numéro deux. »
Aerith sourit.
« - Votre Majesté, j’aimerai que vous me confiiez Naminé. »
Mickey et Léon fixèrent Aerith sans la comprendre.
« - Pourquoi ? demanda le Roi.
- Si Roxas a rejoint les ténèbres, c’est à cause de son amour fou pour elle. Mais si elle peut devenir sa lumière, alors peut être qu’on parviendra à le faire revenir ! »
Mickey croisa les bras et réfléchit.
« - Naminé a-t-elle une prédisposition pour la magie ?
- Sans doute, mais elle ne le sait pas encore, fit la voix de Sephyra. »
Le professeur de dessin venait de se réveiller. Elle posa sa main sur sa tempe avant de se redresser, non sans une grimace.
« - Etant donnez que vous aviez prévu leur arrivée pour aujourd’hui, j’ai laissé à mes élèves le choix du sujet de leur dessin, expliqua Sephyra. Naminé a dessiné un ciel assombrissant la Cité du Crépuscule. »
Mickey fronça les sourcils. Sephyra continua :
« - Vous avez été clair à ce sujet : ce qui rend l’Organisation encore plus redoutable, c’est qu’ils peuvent arriver n’importe quand, n’importe où, sans se faire remarquer. »
Aerith s’éclaircit la gorge.
« - Sauf au travers de ton champ de force, corrigea Sephyra. Ses dessins sont plus que de simples dessins… C’est comme un pouvoir…! »
Léon et Yuffie se regardèrent : ils n’avaient pas l’air convaincu.
« - J’ai vu plusieurs de ses dessins tout à l’heure, insista Sephyra, je vous assure qu’elle a un pouvoir magique particulier ! »
Riku entra à ce moment là. Il apporta les dessins au Roi, qui saisit le porte-document sans rien ajouter.
« - Votre Majesté, dit patiemment Riku, j’ai une confiance aveugle en vous, mais je crois que vous nous devez une petite explication.
- Si ce que je pense est là, alors je te dirai tout, fit Mickey d’une voix absente. »
Il regarda chaque dessin de Naminé, admirant son coup de crayon. Il pensa avoir fait fausse route, lorsqu’il tomba sur l’unique dessin de Roxas. Il fronça les sourcils.
« - Sephyra, quel genre de travaux leur demandes-tu en général ?
- Surtout des paysages, inventés ou non. Ou la représentation qu’ils se font d’un endroit dont ils ont entendu parler en histoire, pourquoi ?
- Jamais d’être humain ?
- Disons que sur les fiches qu’ils ont rempli au début de l’année, tous préférait les paysages et l’architecture des villes.
- Tu ne leur as jamais demandé un dessin de leur famille ? insista lourdement Mickey.
- Je vous dis que non ! s’exclama Sephyra. Mais il n’est pas impossible qu’ils aient dessiné dans leur coin lors des heures libres : je les encourage dans ce sens. Et puis je leur ai demandé de me rapporter aujourd’hui leurs dessins les plus récents, ainsi que les plus anciens pour que je puisse étudier leur marge de progression. Il n’est donc pas impossible que Naminé ait dessiné son frère.
- C’est donc ça… fit Mickey d’une voix absente. »
Sephyra commença à s’énerver.
« - Allez vous nous dire ce qu’il se passe ? »
Mais Mickey ne l’écoutait plus. Yuffie attrapa le dessin qu’il avait entre les mains et le regarda. Ses yeux s’arrondirent sous le coup de la surprise. Puis elle le tendit à Riku, qui fut tout aussi étonné. Ensuite, Léon le regarda avant de le passer à Aerith. Cette dernière regarda le Roi.
« - Nous avons là la preuve indéniable qu’elle détient un pouvoir : il faut qu’on sache lequel.
- Mais allez vous me montrer ce maudit dessin ?! s’emporta Sephyra »
Mickey eut un sourire sans joie. « Un maudit dessin », comme le nom lui allait bien. Aerith tendit le dessin à Sephyra. Son regard se figea, et sa main se mit à trembler. Elle regarda la date : Naminé l’avait fait la semaine précédente. Elle laissa sa main accompagner le dessin sur les draps. Puis il glissa sur le sol.
Naminé avait dessiné Roxas…
Avec une cape de l’Organisation XIII et une keyblade dans chaque main.

« - A… Attendez, c’est une blague ? »
Léon avait brusquement quitté de sa chaise qui tomba en arrière dans un fracas épouvantable.
« - Ce qu’elle dessine se réalise ? demanda-t-il, interloqué.
- Pas tout à fait, répliqua Aerith. Je pense avoir une théorie qu’il faut que je confirme. Riku, aide moi à me lever. »
L’adolescent la regarda sans comprendre, puis s’exécuta. Il approcha Aerith de Naminé. L’infirmière ferma les yeux et posa sa main au dessus du front de la jeune fille. Une douce lumière remplie la salle, réchauffant les cœurs meurtris par cette rude soirée. Yuffie voulut demander quelque chose, mais Léon posa sa main sur sa bouche. Mickey quitta également sa chaise, tandis que Sephyra ramassait le dessin qu’elle avait fait tomber, et le posa délicatement sur une table de chevet. Aerith resta cinq minutes immobile, comme en transe. Puis, la petite boule dans ses cheveux émis une faible lueur qui attira le regard de Riku. Il plissa les yeux : il ne l’avait encore jamais vue. Puis, Aerith ouvrit les yeux, et se retourna.
« - Elle peut voir l’avenir dans les rêves. Si elle les dessine peu de temps après, ce rêve à de fortes chances de se réaliser.
- Alors il faut l’empêcher de dessiner ! s’exclama Léon.
- Le dessin est une seconde nature pour elle, répliqua Sephyra. Ca fait deux ans qu’elle est dans ma classe et que je l’observe : si Naminé veut dessiner, elle dessinera, et rien ne pourra l’en empêcher.
- Connaître l’avenir ne veut pas dire qu'il sera conforme à la vision, dit Mickey. Nous en avons eu la preuve ce soir.
- J’attends toujours que vous nous expliquiez ! s’exclama Riku qui lâcha Aerith. Comment saviez vous tout ça ? »
Mickey ne répondit pas.
« - Même si c’est très intéressant, dit Léon furieux, j’aimerai attirer votre attention sur quelque chose de plus intéressant : Roxas a rejoint l’Organisation et en est devenu le treizième membre, comme sur le dessin. »
Tout le monde acquiesça, un peu surpris.
« - Ca ne choque personne que Roxas ait deux keyblades ? »
Mickey et Riku se regardèrent, interloqués.
« - J’ai une autre question, encore plus importante, fit Aerith. »
Léon la regarda, surpris.
« - Qu’en est-il du père de Roxas et Naminé ? Est-il en sécurité ? Est-ce que l’Organisation pourrait s’en servir comme moyen de pression ? »
Mickey écarquilla les yeux : dans sa précipitation de protéger les enfants, il n’avait pas pensé à leur paternel.
« - Dans ce cas-là, dit Riku d’un air cynique, on pourrait aussi penser à la deuxième personne dont parlait Axel, celui qui veut soi-disant s’emparer du pouvoir de Naminé en la tuant.
- Un instant ! s’exclama Mickey. »
Le Roi se concentra, et se remémora le passage de la mémosphère concernant cette personne.
« - Axel a bougé ses lèvres, mais je ne sais pas ce qu’il a pu dire… Mais c’est ce qui a convaincu Roxas de le suivre… Mais qui ? Qui pourrait-il connaître depuis longtemps et qui n’a pas passé beaucoup de temps avec Na… »
Mickey écarquilla les yeux.
« - Aerith, où travaille le père de Roxas ?
- Euuuh… Et bien juste à côté, dans la société de vente des blocs gummis : il travaille en tant que directeur marketing, pourquoi ?
- Riku, allons-y ! »
Le Roi fit apparaître sa keyblade et passa la porte. Riku le suivit sans hésiter, et fit apparaître sa sombre épée. Sephyra comprit à ce moment-là. Elle avait pourtant été témoin de sa déclaration, quelques heures plus tôt, elle s’en voulait de ne pas avoir compris de suite. Il n’existait qu’une seule personne que Roxas haïssait plus que Riku…
Son propre père.

   Mickey et Riku entrèrent comme des furies dans l’immeuble avoisinant le lycée. La porte fermée à clé ne leur posa aucun problème : la keyblade du Roi déverrouilla la serrure sans difficulté. Tandis qu’il se dirigea vers la cage d’escalier, Riku consulta le plan de la firme, et trouva l’étage où travaillait le père de Roxas. Il rejoignit sans plus tarder le Roi qui avait déjà commencé l’ascension. Riku le rejoignit rapidement, grâce à ses jambes plus grandes, et le dépassa. Il lui donna le numéro de l’étage et prit de l’avance. Si seulement ils avaient pu créer un passage, tout aurait été plus rapide ! Mais leurs passages étaient bien plus limités que ceux de l’Organisation : Riku et Mickey ne pouvaient relier que des endroits où ils étaient déjà allés. Sur les très longues distances, entre les mondes par exemple, c’était très pratique, mais sur les plus courtes, comme la distance entre le bureau du directeur et l’infirmerie, il était plus rentable de passer par la voie terrestre.
Riku trouva l’étage et enfonça la porte, qui céda. Il s’arrêta et regarda à droite et à gauche, cherchant une quelconque présence. Mickey le rejoignit rapidement et continua son chemin. Riku le suivit sans hésiter : ils se dirigèrent vers une porte, celle du directeur de l’étage. La porte était anormalement fermée : Riku l’ouvrit avec son étrange épée, qui semblait également être une keyblade. Il alluma la lumière et regarda à l’intérieur.
C’était une petite pièce, avec uniquement des casiers pour ranger les dossiers, et un très long bureau, avec un magnifique fauteuil, et deux sièges faisant face au bureau. Mickey eut une exclamation de surprise, puis poussa un « oh non ! » désespéré.
Il était plus petit que Riku, alors il l’avait vu en premier. L’adolescent le vit à son tour.
Sur le sol, un homme âgé d’environ quarante ans était allongé, les yeux ouverts, vides d’expression. Son magnifique costume beige était recouvert de rouge. Il était blond, comme Roxas et Naminé, et avait les mêmes yeux qu’eux. Mais ils ne brillaient plus. La vie avait quitté son corps pour rejoindre un monde meilleur. Le cœur du Roi se souleva face à cette vision, puis son estomac se retourna. Il se retenait avec peine de vomir. Riku crut sentir son cœur s’alourdir face à cette vision mortuaire. Ce sang dont il pouvait humer l’odeur le dégoûtait. Mickey s’approcha du père et tâta son pouls, même si il n’avait plus aucun espoir. Il regarda Riku, et fit « non » de la tête d’un air désolé. L’adolescent tomba genoux à terre, et posa ses mains sur le sol, dans la mare rouge.
Le père de Roxas et Naminé baignait seul dans son propre sang.
Mickey ferma délicatement ses yeux, puis observa son corps. Il avait reçu de nombreux coups au visage, et quelque chose avait du percer violement son abdomen pour que le sang coule à flot. Mickey vit une bouteille d’alcool sur le sol, débouchée, son contenu vidé sur le sol. Il entendit Riku se remettre debout, et le vit donner un violent coup de pied dans la bouteille. L’adolescent se dirigea vers l’un des coins de la pièce, et récupéra la cassette à l’intérieur de la caméra. Ils devaient en avoir le cœur net. Mickey se dirigea vers la porte, laissant derrière lui le corps de l’homme… Comment pourrait-il annoncer la nouvelle à Naminé ? En une nuit, elle avait perdu, père, frère et foyer. Il ne lui restait plus que ses amis Hayner, Pence et Olette, mais cela suffirait-il ? Riku voulut emporter le corps, mais Mickey l’en empêcha : ils ne pouvaient plus rien faire : ils devaient laisser les autorités s’en occuper à présent. Ils quittèrent le bâtiment, la tête basse, et rejoignirent le lycée.

   Aerith s’était soignée seule, grâce a sa magie, et allait beaucoup mieux, comme si Axel n’était jamais venu. Sephyra se sentait mieux également grâce aux bons soins de l’infirmière et Yuffie avait moins mal aux jambes. Aerith accueillit Mickey et Riku avec un sourire, qui eut bien du mal à rester sur son visage lorsqu’elle vit leur tête d’enterrement. Le Roi demanda à tout le monde de le suivre en salle de conférence, afin qu’ils visionnent la vidéo, mais Aerith refusa : elle ne pouvait pas laisser Naminé seule. Mickey insista, et promit d’installer lui-même un champ de force. Sephyra lui rappela que l’Organisation avait forcé sans aucun problème celui du matin même. Riku soupira, et proposa d’aider le Roi, qui accepta non sans une moue réprobatrice. Aerith consentit, et quitta l’infirmerie. Mais avant cela, elle détacha le ruban qui retenait sa chevelure, laissant retomber ses longs cheveux sur ses épaules, et le mit dans la main de Naminé. Riku vit enfin ce qu’il y avait dans son étrange ruban. Il s’agissait d’une petite boule vert pâle. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas son geste. Mis à part Sephyra, personne ne semblait surpris. Riku s’abstint de tout commentaire, et mit en place le champ de force avec l’aide de Mickey, puis ils traversèrent les couloirs en silence, jusqu’à atteindre la salle de conférence. Sans plus attendre, Riku entra la cassette dans le magnétoscope, et prit place près de Léon. Ils virent le père de Roxas et Naminé, une demi-heure plus tôt.

   Le directeur de la section marketing savourait la fin de la journée avec un bon whisky. Il avait entendu une explosion dans la Cité, mais peu lui importait : il boirait, puis rentrerait voir ses enfants qu’il ne voyait pas beaucoup ces derniers temps. Il ouvrit le rideau, et regarda la ville depuis sa fenêtre. Il porta la bouteille à ses lèvres et commença à boire. Soudain, la lumière s’éteignit. L’homme se retourna, et vit deux personnes sur le seuil de la porte. Ils étaient vêtus d’un long manteau noir. L’un d’entre eux avait une capuche : dans le noir, il pouvait difficilement établir son identité, tandis que le deuxième était à découvert. Il fronça les sourcils : il avait l’impression de connaître l’une de ces deux personnes.
« - Qui êtes vous ? Comment êtes vous… »
Les deux hommes en noir s’approchèrent. Le directeur marketing s’approcha de son bureau et tenta d’appeler la sécurité, mais l’un des deux hommes –celui qui n’avait pas la capuche- l’arrêta. Le directeur décela, dans les ténèbres une nuance de rouge dans ses cheveux. Il se plaça derrière lui, et l’empêcha de se mouvoir. Le deuxième homme le frappa de toutes ses forces au visage. Le directeur lâcha sa bouteille, dont la chute fut amortie par la moquette. Et l’homme recommença à le frapper.
« - Vous… »
Sa respiration fut coupée par un violent coup au ventre. Avec horreur, il vit l’homme faire apparaître deux épées étranges : une blanche et une noire, en forme de clé. Il se remit debout. L’homme aux cheveux rouge se plaça derrière son compagnon, un sourire sadique aux lèvres. Celui qui était encapuchonné leva ses deux armes. Le directeur se mit debout.
« - Qui êtes vous ? »
L’homme fut transpercé par les deux épées. Ses yeux s’arrondirent sous l’effet de la surprise. Il sentit le froid s’insinuer en lui. Ses sens le trahissaient peu à peu. Sa vision de vint trouble. Puis, celui qui l’avait presque tué enleva son capuchon.
« - Bonne nuit… Assassin de père ! »
Il ne put articuler un seul mot, la vie le quittait trop vite. C’était son fils… Son propre fils Roxas venait de le transpercer. Roxas éclata de rire, et frappa son père pour la dernière fois. Celui-ci tomba sur le sol pour ne plus jamais se relever. Près de sa bouteille qui n’avait déjà plus de liquide. Roxas le regarda dédaigneusement se vider de son sang. Puis il tourna doucement sa tête vers la caméra et s’en approcha. Il pointa l’épée noire vers elle, un sourire sadique se dessinant sur son visage.
« - Riku, ce sera bientôt ton tour. »
Puis, Roxas fit apparaître un portail vers les ténèbres, et le traversa, Axel à sa suite.